Les vrais pros la pêchent avec un morceau de bas comme appât. Est-ce que cet appât agité sous leur nez leur rappelle un papillon ? Personne ne sait très bien au fond.
On prend donc un petit morceau de bas, on l’accroche sur un hameçon à trois branches, lui-même relié à un fil de nylon et à une canne, ou à une vulgaire trique de bambou.
La canne dans une main, un sac à patates dans l’autre pour mettre les grenouilles et nous sommes prêts pour la pêche.
Il y a en Vendée, entre Challans et la mer, de grandes étendues d’herbages quadrillées par des étiers, ces canaux creusés pour évacuer l’eau et assainir les marais. Les grenouilles adorent les étiers, elles y sont innombrables. A deux on peut facilement en prendre 50 dans l’après-midi, et faire un bon plat de cuisses de grenouilles pour toute la famille.
Nous sommes au mois de juillet, il fait un temps magnifiques. Les hautes herbes ondulent dans le marais sous la brise, constellées de coquelicots et de boutons d’or. Il fait chaud ; l’eau dégage une odeur douceâtre, mi-agréable, mi-écoaeurante, mélange de plantes aquatiques, de vase et d’animaux en décomposition.
J’accompagne mon ami Albert pour cette partie de pêche. Nous arrivons auprès du premier étier. J’agite mon morceau de bas sous le nez de la première grenouille que je vois, sa tête dépasse juste de l’eau entre deux nénuphars. Elle se jette sur le bas. Je ferre ! J’ai ma première prise ! Je la décroche et la mets dans le sac. En voilà une autre ! Ratée ! Dans le coassement continu des batraciens, pêchant les étiers mètre après mètre, nous arrivons vers 17h à une cinquantaine de prises, il est temps d’arrêter.
Pendant que nous revenons chez Albert, je commence soudain à me demander comment on transforme les grenouilles vivantes qui sont dans le sac en cuisses de grenouilles. La question ne m’avait pas effleuré avant… Il doit y avoir un moyen. On verra bien…
La perspective de ce massacre annoncé obscurcit soudain la bonne soirée en famille. Que va-t-on faire de ces grenouilles ?
Arrivés à la maison, mon ami Albert prend un couteau, m’en tend un second. Nous nous approchons de la table de jardin avec le sac de jute. Je n’ai pas envie de zigouillerr ces grenouilles. Je voudrais les ramener dans leur étier, et ne plus jamais en entendre parler, mais il est trop tard. SI je disais ça à Albert… Comment dire… Non, je ne pourrais pas lui dire ça.
Tout en discutant de la sauce poulette qui doit accompagner les grenouilles, Albert dispose un grand sac dans une poubelle, à côté de la table, et un plat pour poser les cuisses.
« Regarde, c’est simple » me dit-il. Le couteau dans une main, il attrape de l’autre une des grenouilles dans le sac, la sectionne en deux au dessus du bassin, enlève la peau des pattes comme un pyjama, et jette le reste de la grenouille dans la poubelle.
« tu vois , c’est à la portée de tout le monde ! »
Je regarde mon couteau, je regarde la deuxième grenouille qu’il coupe en deux…
Je le regarde découper une troisième grenouille…
« Bah alors, qu’est-ce que tu attends, vas-y ! » Me dit-il d’un air surpris.
« Non, je ne peux pas, ça me dégoûte, je n’y arrive pas. »
« Bon , laisse tomber » répond-il, « Je vais le faire moi-même. »
Les grenouilles s’entassent les unes au dessus des autres dans le sac poubelle. Leurs yeux me fixent. Elles ne coassent plus. Elles sont encore vivantes. A aucun moment Albert ne les a tuées. Elles ouvrent le bec de temps en temps, comme pour prendre leur respiration. Cela me rappelle ces horribles et stupides expériences à l’école, en sciences naturelles.
Elles ne peuvent même plus s’enfuir d’un bond, étant donné qu’elles n’ont plus de pattes arrières, et elles ne comprennent pas pourquoi…
La dernière est dans le sac. Elle me regarde, des centaines d’yeux me regardent quand je ferme le sac. C’est fini, elles ne verront plus jamais la lumière. Je me vois jeter le sac dans la poubelle comme dans un mauvais rêve… Je ne mangerai plus jamais de cuisses de grenouilles.
La pêche à la grenouille
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bonjour a ceux qui me liront
je viens en vendee la dernière semaine du mois d août et j aimerais savoir ou je peu allé péché la grenouille , j aimerais surtout en faite trouvé quelqu’un qui puisse m initié , moi et mon fils , alors si quelqu’un connais une adresse faite le moi savoir , même un guide payant
merci d avance
Bonjour Bruno, les grenouilles sont protégées, la pêche est totalement interdite !
En fait cette histoire est vraie mais date d’il y a plus de 25 ans 🙂 Aujourd’hui toutes les variétés de grenouilles sont protégées en France. De toute façon les pesticides, insecticides et la disparition de leur habitat les a exterminées bien plus rapidement que les barbares pêcheurs de grenouille.
Quelle horreur! Et qu’est-ce qui empêcherait, si vraiment on veut des cuisses de grenouilles, de les assommer AVANT, jusqu’à ce que mort s’en suive. Et encore, à une époque on leur arrachait juste les cuisses …. et disant qu’elles allaien repousser !!!